Ce matin Abalo, Mouhamed et moi sommes partis à 8h de Tanguiéta pour Natitingou. Nous avons déposé ma valise à mon nouvel hôtel : l’hôtel Kantaborifa (du nom du quartier où il se trouve). Puis nous sommes allés à la salle du CAN. Jean, un ami d’Abalo, est venu réparer l’un des deux ordinateurs tombés en panne la semaine dernière. Il a également installé Néro sur le seul PC qui possède un graveur afin que je grave un CD pour sauvegarder mes données personnelles avant de donner mon ordinateur au CAN.
Ce matin, à nouveau, il y a eu de nombreux retardataires. J’ai donc commencé le cours par un rappel sur l’importance de leur présence et de leur ponctualité. Christophe, lui, n’est pas venu du tout : les autres ont dit qu’il était à l’hôpital. Hyppolite est arrivé en retard car c’est lui qui a emmené Christophe.
Nous avons bien avancé sur Excel, et je suis très contente car tout le monde a suivi, et tous ont terminé les deux exercices proposés !
A 13h30, je suis allée déjeuner à l’hôtel. Le standing est différent de celui de l’hôtel de la semaine dernière. Le côté matériel ne me dérange pas, mais l’accueil à midi était très froid et ils ne m’ont pas du tout servi ce pour quoi Abalo a payé. Mais Abalo est méfiant : il vient de me téléphoner à la réception de l’hôtel pour savoir si tout allait bien. J’ai soulevé le problème du repas, et le patron qui assistait à la conversation a tout de suite dit qu’il y avait eu une erreur et qu’elle allait être réparée !
J’ai aussi quelques blattes dans ma chambre, mais elles sont moins grosses que celles du Brésil, alors je vais m’en accommoder !
A 14h45, comme à son habitude, Marguerite est passée me prendre et en arrivant à la salle, nous avons eu la mauvaise surprise de découvrir une nouvelle coupure de courant. Les stagiaires arrivent et après quelques discussions nous commençons le cours Excel au tableau. Après 1h30 de cours, j’explique que je ne souhaite pas avancer plus car sans pratiquer sur les ordinateurs, ils ne vont rien retenir de plus.
Nous avons passé le reste de l’après midi à discuter. Nous avons abordé les relations époux-épouse au Bénin et en France. Nous avons parlé de divorce, de femmes battues, etc… La condition de la femme au Bénin est encore loin d’être celle en France (polygamie, femmes battues parfois, et qui ne peuvent pas demander le divorce car elles se retrouveraient à la rue). Je ne sais pas si c’est dû à ma présence, mais les stagiaires masculins avaient des idées plutôt progressistes !
Nous avons ensuite parlé du Vaudou ! Emmanuel a raconté beaucoup d’histoires « vraies ». Il connaît plusieurs cas de sorcellerie. Pour contrer un sorcier il faut consulter un « tradi-praticien ». L’une des histoires concernait l’une de ses petites sœurs victime de sorcellerie. Le sorcier a été contré par une vieille tante d’Emmanuel. Le remède du sortilège a été décrit avec force détails (poulets bicyclette sacrifiés, potions avalées, grigris portés à la ceinture, etc.…). Tout le monde écoutait sérieusement, religieusement. Martine ajoutait parfois quelques « Mon Dieu ! » en guise de commentaires ou de protection contre les sorts. L’histoire s’est bien terminée puisque la sœur d’Emmanuel a été sauvée et le mauvais sort s’est retourné contre le sorcier qui a vu sa cuisse gonfler et éclater « comme une mangue mûre qui tombe du manguier » et en est mort !
Quand Marguerite revient me chercher, le courant n’est pas revenu. Nous discutons encore un peu dehors. Je constate que ma présence ne fait plus hurler de terreur la petite fille du voisin, le peintre de batik. Elle commence à s’habituer à ma couleur de peau, elle me fait même coucou en se cachant derrière sa mère.
Marguerite me dépose à l’hôtel. Je pose mon ordinateur et ressors faire un tour, je ne veux pas rester enfermée dans ma chambre assez sombre et sans ventilation, puisque le courant n’est toujours pas là. Marguerite est encore devant l’hôtel et propose donc de faire un tour ensemble. Nous roulons une quarantaine de minutes dans la ville sur sa moto, elle me fait faire une véritable visite touristique : nous passons devant tous les bâtiments officiels, les belles maisons, etc…
Nous croisons Christine qui nous dit que le courant est enfin revenu et qui demande si je peux passer chez elle : son ordinateur ne démarre plus. Marguerite me laisse donc devant sa maison qui est différente de son atelier où j’étais déjà allée. Je fais connaissance avec ses quatre enfants et son mari. Sa maison est, comme la majorité des maisons, en terre. Elle comporte apparemment deux pièces. C’est meublé très sommairement, et je ne sais pas si elle a l’eau courante.
J’utilise l’antivirus que j’ai apporté et désinfecte son PC et ses deux clés USB. Nous subissons une nouvelle coupure qui me force à reprendre à zéro le nettoyage de son ordinateur. Nous avons le temps de discuter, et elle me demande dans la conversation, la boisson que je préfère en dehors de l’eau. Je parle de coca et la conversation continue. Son fils aîné sort et revient 10 minutes après avec une bouteille de coca fraîche (alors qu’il n’y a pas eu de courant de toute l’après midi !) pour moi.
Une fois l’ordinateur réparé, elle me montre le dossier qu’elle est en train de monter pour obtenir un prêt à taux préférentiel (5%) de l’état. Elle souhaite monter un centre de tisserands qu’elle dirigerait. Elle dit en effet que la demande de tissus tissés traditionnellement est très forte et que l’offre est quasiment inexistante. Les Béninois sont obligés d’acheter à l’étranger, au Ghana notamment, pour toutes les cérémonies qui nécessitent un pagne traditionnel. Son dossier est très complet (23 pages) et décrit précisément son projet. Le métier de tisserand est aussi expliqué dans tous ses détails. Je le lis et en profite pour corriger les fautes de français et arranger la mise en page.
Vers 21h, nous avons terminé et elle sort sa moto pour me raccompagner. Elle m’offre aussi une mangue pour me remercier. Sa fille de deux ans se met à pleurer quand nous montons sur la moto. Christine défait donc le pagne qui était attaché à sa taille et met sa fille « à dos ». Le pagne est dans le même tissu que son ensemble, de sorte que quand elle ne porte pas la petite, on ne le remarque pas. Nous partons donc toutes les trois sur la moto.
Les déplacements en moto facilitent les rencontres avec les connaissances. Et la conversation qui a eu lieu au carrefour ce soir est très courante :
- Bonsoir Madame !
- Bonsoir Monsieur !
- Ca va la soirée ?
- Bien, et chez vous ?
- Très bien !
J’adore ces échanges et le ton sur lequel ils sont dits quand je suis à l’arrière d’une moto !
Demain s’il y a du courant, nous avons prévu d’aller au cyber faire un cours sur Internet, les mails et la navigation.